Jonathan Lévy-Forcada
En juin 2023, Jonathan Lévy-Forcada obtenait un diplôme de Master à l’EDHEA. A cette occasion, le Quartier culturel de Malévoz lui a proposé une résidence d’artiste pour la période de fin février à mi-avril 2024. L’artiste établi à Genève a ainsi eu l’opportunité de travailler et de développer sa pratique dans un cadre privilégié situé sur les hauts de Monthey.
«J’espérais être choisi pour cette résidence parce que son caractère non conventionnel invite à aller à la rencontre d’autres univers», explique-t-il. Plongé dans ce lieu où le temps semble suspendu, où l’on vit retiré de la ville et du quotidien, Jonathan Lévy-Forcada continue d’explorer des thématiques liées au langage et à l’écologie, «un domaine où on a l’impression que les choses évoluent elles aussi très lentement.» Le travail qu’il développe à Monthey porte notamment sur les troncs de grands arbres abattus peu avant son arrivée dans le majestueux parc de Malévoz. On pourra le découvrir dans le cadre de l’expositionLe climat s’emballe qui présente, sur des supports publicitaires disséminés dans tout le Valais, des œuvres de diplômé·es ayant obtenu un prix ou une résidence.
En parallèle de son travail artistique, Jonathan Lévy-Forcada est invité à animer une à deux fois par semaine des ateliers accueillant des patient·es de l’institution hospitalière. Si ces rendez-vous sont appréciés par la patientèle, qui y trouve une forme d’expression nouvelle, ils représentent également une source d’enrichissement personnel pour l’artiste. «Le domaine de la psychiatrie m’était inconnu, mais il m’attire car il me permet de ne pas créer uniquement pour moi-même, mais au contraire de donner un peu de moi à d’autres personnes. Les ateliers que j’anime représentent des moments d’échanges intenses. Les patientes et patients apportent leur propre univers et leurs envies. Ce qu’ils renvoient me pousse à sortir de mes habitudes. Moi qui suis d’ordinaire plutôt conceptuel, je vais ici vers la simplicité et le concret. Ces rencontres me rappellent à des choses simples et de valeur. Elles enrichissent mes réflexions et représentent en quelque sorte un soin pour moi aussi.»
Pendant ces ateliers, Jonathan Lévy-Forcada tire au hasard des mots qui serviront de point de départ aux créations des participantes et participants. Son travail de diplôme portait déjà, lui aussi, sur le vocabulaire, plus particulièrement sur le lexique économique qui, estime-t-il, contamine notre mode de pensée. «On crée souvent de nouveaux mots pour se distancier de la réalité. Il est crucial de comprendre les discours qu’on nous envoie à la figure et, en tant qu’artiste, d’en souligner l’absurdité.»
Depuis 2019, le Quartier culturel de Malévoz accueille chaque année en résidence, pour une période de deux mois, une diplômée ou un diplômé de l’EDHEA. «Nous veillons à choisir des artistes inspiré·es à développer leurs propres projets dans ce lieu, relève Iris Aeschlimann, animatrice socioculturelle. En sélectionnant Jonathan, nous avons été particulièrement sensibles à son engagement envers les questions climatiques, qui entrent en résonance avec le site de Malévoz. Chaque artiste invité nous donne l’occasion de découvrir un nouvel univers venant se greffer à ce contexte spécifique.»