Laís Cardoso da Rosa
Partenaire de l’EDHEA, la Fondation Opale à Lens a salué la qualité du travail de diplôme Master de Laís Cardoso da Rosa en lui offrant une résidence de trois mois en Australie, afin de découvrir l'art aborigène.
Après une longue phase de préparation pour trouver des lieux et institutions à visiter mais aussi à contacter en vue d’une éventuelle collaboration, l'artiste brésilienne a atterri le 25 mars 2024 à Sidney, Gadigal Country, où la Biennale d’art lui a permis de rencontrer une multitude d'artistes contemporains aborigènes. "Je souhaitais découvrir différentes expressions de l’art aborigène, au-delà de l'art traditionnel. L'art est un élément central de ces peuples, une manière de transmettre leurs cultures et de les maintenir vivantes. Il fait partie de leur quotidien, comme un droit d’expression pour tous", explique-t-elle, fascinée par cette vision inclusive et accessible du milieu artistique.
En quittant la métropole, Laís s’est rendue à Mparntwe / Alice Springs, Arrernte Country, puis à Yulara, Anangu Country, où se trouvent des formations géologiques exceptionnelles. Un deuxième arrêt marqué également par la proximité avec les cultures aborigènes.
Son voyage s'est poursuivi à Adélaïde, Kaurna Country, où elle a intégré la compagnie de théâtre Act Now Theater, très engagée pour la justice sociale. Dans le cadre d'un projet innovant visant à enseigner aux enfants des techniques pour équilibrer leurs émotions et prévenir la violence domestique, Laís a exploité son expérience en danse pour fusionner art et engagement social. "Ce projet entre art, éducation et justice sociale me correspondait totalement, confie-t-elle. De plus, la compagnie travaille avec des artistes aborigènes et des artistes immigrants. J'ai trouvé là une institution proche de ma pratique et de mon identité."
Laís a ensuite exploré Naarm / Melbourne, Wurundjeri Country, reconnue pour sa vie artistique et culturelle. "La collection aborigène du Ian Potter Centre est l’une des plus emblématiques et des plus touchantes que j’ai eu la chance de découvrir. Ca a été une expérience phénoménale!" Puis elle s'est rendue à Canberra, Ngunnawal Country, pour visiter l'Australian Institute of Aboriginal and Torres Strait Islander Studies (Aiatsis) et sa collection de documents uniques au monde. Enfin, elle est retournée à Sidney, Gadigal Country, où elle a pu voir une présentation de la compagnie de danse Bangarra lors d’un projet réunissant chorégraphes aborigènes d'Australie et de Nouvelle-Zélande. "C’était magnifique de voir ces deux cultures dialoguer," se remémore-t-elle.
De retour au Brésil, Laís prend le temps d’assimiler ces trois mois riches en découvertes et en rencontres, tissant des liens entre ses propres recherches et aspirations artistiques. "Mes observations sur les dialogues entre les cultures indigènes, qu'elles soient d'Australie, de Nouvelle-Zélande ou d'Amérique latine, ont révélé des éléments communs reposant sur des choses très simples et très profondes, comme la volonté de vivre en connexion avec leur territoire et de respecter la terre."
"En tant qu'artiste, poursuit-elle, j'ai cherché à trouver la connexion avec mes racines. A mes yeux, l'art y est étroitement lié. Si beaucoup d’artistes tendent à établir un lien entre leur travail et leurs origines, les artistes aborigènes le font depuis toujours. Cette recherche de lien m'intéressait déjà pendant mes études à l'EDHEA. Mais en Australie, j'ai compris qu'il ne s'agissait pas que d'une manière de faire de l'art, mais aussi une manière de vivre."
Après avoir voyagé à travers l'Italie, la Suisse et l'Australie, Laís s'apprête à entamer un doctorat à Londres, où elle prévoit de développer encore davantage sa pratique artistique et pédagogique. Son désir créatif se concentre sur l'idée de mettre en commun diverses techniques telles que le crochet, appris auprès de sa famille, l'écriture, le mouvement et le chant. C'est ainsi qu'elle envisage de continuer à évoluer et à partager son art, tout en restant ancrée dans ses origines.