Lorane Jäggi
Lorane Jäggi, diplômée Bachelor, est la lauréate 2024 de la résidence offerte par le Quartier culturel de Malévoz. En février et mars 2025, cette artiste établie à Val-de-Ruz occupe ainsi un atelier sur les hauts de Monthey et anime à un rythme hebdomadaire un atelier participatif pour les résidentes et résidents de l'hôpital.
Pendant ses études à l'EDHEA, Lorane a travaillé sur les plantes, un intérêt né il y a 5 ans alors qu'elle mettait un terme à des études d'architecture et cherchait une nouvelle voie. "A cette époque, tout me ramenait aux plantes. J'ai alors décidé de faire plaisir à mon enfant intérieur, à celle qui s'émerveillait devant les herbes et les fleurs." Une idée bien précise, mais qui demandait encore à être développée. En intégrant l'EDHEA, Lorane s’est alors tournée vers l'expérimentation de la tache. "Je fais tomber de l'encre sur une feuille. C'est moche. Je tamponne avec une autre feuille. Et encore. Et encore. Au fur et à mesure de ces transferts, le moche peut finir par devenir beau. Je m'intéresse à ce que l'on peut créer à partir de ces choses disgracieuses. Ces taches, je les appelle affectueusement des 'croûtes'. Elles intègrent deux couleurs: le noir et le doré, évoquant un processus alchimique. Ce travail suscite des réflexions liées à philosophie, à la psychologie, à la subjectivité du monde et de nos perceptions."
Aujourd'hui, les plantes et les taches constituent les deux thèmes centraux de sa pratique artistique. Le site de Malévoz, avec ses jardins et ses serres, offre un cadre idéal pour qui s'intéresse aux végétaux. Mais la saison n'est pas propice à la cueillette, alors Lorane rebondit et se plonge dans la recherche. Elle explore la fabrication de papier à partir d'akènes et de graines, de boîtes d'œufs recyclées, de résidus de fibres, ou en intégrant des plantes pour un herbier particulier. "Ce papier peut revêtir différentes fonctions: matériau sculptural, emballage, support pour des mots, voire contenant de plantes. Certaines feuilles en effet intègrent des graines. Ainsi, on peut les remettre en terre pour faire naître de nouvelles plantes et promouvoir une dynamique circulaire."
En parallèle à sa pratique, l'artiste est invitée à animer chaque semaine un atelier pour les résidentes et résidents de l'institution psychiatrique, un rendez-vous qui connaît un franc succès avec une douzaine de personnes qui y participent de leur propre chef." C'est une affluence record, témoigne l’animatrice socioculturelle Marianne Défago. Lorane n’a pas son pareil pour les enthousiasmer." Cet atelier devient un espace où l'on peut créer en travaillant autour de l'empreinte végétale, participer à la cueillette des primevères ou simplement s'installer par terre pour boire un thé, échanger sur tout et rien, profiter de la compagnie des autres participantes et participants.
"Cette résidence à Malévoz m'offre des moments de rencontre et de partage avec les patients, les animateurs, ainsi que les personnes en réinsertion, résume Lorane. Parfois, je me déplace sur le site avec ma théière, devenue un objet de lien. Les gens viennent à ma rencontre, on partage une tasse de thé et on discute. Ils ont besoin de chaleur, ou simplement d'une présence. Par ailleurs, cette résidence me permet d'aborder ma pratique artistique sous un angle nouveau. A l'EDHEA, la production s'accompagnait de réflexions sur les conditions d'exposition. Ici, je peux me concentrer sur la production et l’exploration, en bénéficiant d'un certain lâcher-prise. C'est une expérience inédite et très appréciable. »
Lundi 31 mars, à 15h, Lorane ouvre les portes de son atelier à toute personne intéressée, marquant ainsi la fin de sa résidence. Ce sera une belle occasion de partager un thé avec elle et d'explorer de plus près son processus créatif.