Futur campus

Intervention artistique par Pauline Boudry et Renate Lorenz

Le 15 décembre 2023, le Département des finances et de l'énergie de l’Etat du Valais -Service immobilier et patrimoine (SIP) lançait un appel à projets par procédure sélective en deux phases pour une intervention artistique (Kunst am Bau) du site et du bâtiment du nouveau campus EDHEA.Lettres à un·e jeune artiste de l‘an 2050, projet imaginé par Pauline Boudry et Renate Lorenz, a été retenu parmi les différentes propositions pour les réflexions qu’il véhicule sur la condition d’artiste.

Le jury, présidé par Jean-Paul Felley, directeur de l’EDHEA, se composait à la fois de membres du Service immobilier et patrimoine de l’Etat du Valais (Philippe Venetz, architecte cantonal, et Eddy Jollien, chef de projet), de personnalités du monde de l’art (Fabrice Gygi, artiste, Chantal Prod’hom, ancienne directrice du MUDAC, Charlotte Laubard, chargée de cours à la HEAD – Genève, Maéva Besse - suppléante -, curatrice), du chef du service de la culture Alain Dubois, du directeur de la HES-SO Valais-Wallis François Seppey, ainsi que d’un représentant du bureau d’architecture CLR (Damien Chevalley, architecte).

Le comité de sélection a retenu à l’unanimité le projet de Pauline Boudry et Renate Lorenz. Leur proposition intitulée Lettres à un·e jeune artiste de l‘an 2050 s’inspire d’une part du texte Woman of the year 2000 écrit par Carolee Schneemann en 1974, ainsi que des Lettres à un jeune poète (1903-08) de Rainer Maria Rilke qui a séjourné à Veyras dans les hauts de Sierre. Près de 50 ans après ce texte fondateur de l’artiste américaine, qui évoquait la difficulté d’être une étudiante en art dans les années 1970, les deux artistes basées à Berlin ont rédigé à leur tour un message à l’adresse d’un·e jeune artiste du futur. En outre, elles inviteront neuf autres artistes, productrices et producteurs culturels de différents horizons à proposer chacun·e une lettre. L‘une d’elles sera rédigée par un·e étudiant·e ou un collectif de l‘EDHEA et sélectionnée par le biais d‘un concours avec jury.

Un écran LED de grandes dimensions, situé dans le hall de l’école, diffusera les dix textes. Ils apparaîtront à certains moments de la journée, comme s’ils étaient en train de s’écrire sous nos yeux. Tous s’afficheront dans leur langue d‘origine - par exemple l‘anglais, l‘arabe, l‘espagnol ou en farsi -, ainsi qu’en traduction française et allemande.

"Notre désir, expliquent Pauline Boudry et Renate Lorenz, est d‘inciter les jeunes artistes de l‘école à s‘engager dans leur propre réflexion sur ce que signifie être artiste, sur le type d‘artiste ou de producteur·ice culturel qu‘ils·elles aimeraient être, et sur le type d‘éducation artistique dont ils·elles pourraient avoir besoin pour y parvenir. A une époque où les scénarios dystopiques font l‘objet de nombreuses discussions, il semble essentiel de susciter l‘espoir et de travailler à un avenir différent."

Huit propositions ont été retenues au terme de la première sélection sur cinquante-huit postulations d’artistes de toutes provenances. Les sept autres projets, tous de très haute qualité, ont été soumis par Dove Allouche, Alain Bublex, Rudy Decelière, Estefania Peñafiel Loaiza, Mai-Thu Perret, Delphine Renault et Batia Suter.

La construction du futur campus démarrera au mois de juin 2024. Avec des travaux qui devraient durer un peu plus de deux ans, le futur bâtiment et l’intervention artistique pourront être découverts dès la rentrée 2026.


Brève biographie des artistes

Pauline Boudry et Renate Lorenz travaillent ensemble à Berlin depuis 2007. Elles produisent des installations qui chorégraphient la tension entre visibilité et opacité. Leurs films capturent des performances devant la caméra, souvent à partir d'une chanson, d'une image, d'un film ou d’une partition d'un passé proche. Ils bouleversent les récits historiques normatifs et les conventions de spectateur, car les figures et les actions à travers le temps sont mises en scène, superposées et réimaginées. Leurs interprètes sont des chorégraphes, des artistes et des musiciens, avec lesquels le duo entretient une conversation sur le long terme au sujet des conditions de la performance, de l'histoire violente de la visibilité, la pathologisation des corps, mais aussi sur la camaraderie, le glamour et la résistance. Leurs sculptures et objets font souvent référence à la potentialité de la performance, en utilisant des matériaux qui se rapportent à des accessoires, des scènes, des costumes, des microphones, des perruques ou encore des pistes de danse.

Pauline Boudry et Renate Lorenz ont récemment exposé leurs oeuvres à la Biennale de Sao Paulo, au Hammer Museum Los Angeles, au Seoul Museum of Art, au Centre Pompidou Paris, au Reina Sofia Museum Madrid, au Musée d'Art Contemporain Luxembourg, au Centre culturel Suisse à Paris, à la 58e Biennale de Venise (Pavillon Suisse), ou encore à la Julia Stoschek Collection Berlin.

Spector Books a publié en 2022 Stages une importante monographie sur l’oeuvre récente de Pauline Boudry et Renate Lorenz.