Jonathan Lévy Forcada
- Diplômé Master 2023
- Lauréat de la résidence à Malévoz Quartier Culturel
En supsension // après moi le
2024
Photogrammes extraits du film American Harvest, 1955, courtesy Prelinger Archives & captures d’écran vidéo, Jonathan Lévy-Forcada, sans titre (suspension #1), 2024. Texte et graphisme: Jonathan Lévy-Forcada, 2024.
Vidéo YouTube
Extrait du film American Harvest, 1955, courtesy Prelinger Archives & image vidéo, Jonathan Lévy-Forcada, sans titre (suspension #1), 2024.
Au départ, il y a ces images d'un séquoia géant en cours d'abattage, tirées d'un film de 1955 sur les différents développements et activités d'extraction aux Etats-Unis. Le ton oscille entre fascination pour le progrès et questionnements (mineurs) sur l'impact sur le paysage et l'environnement.
Ces images saisissantes font écho aux préoccupations sur la perception du paysage, mais elles questionnent aussi notre façon mouvante de les percevoir. Au regard de nos connaissances grandissantes sur l'importance de biotopes riches et préservés dans un contexte de changement climatique induit notamment par les activités d'extraction, on réalise qu'on ne peut plus les recevoir comme une simple documentation. Par le biais de la réappropriation et de la création de cette grille répétitive, ce travail teste leur impact sur notre perception. Quels sentiments, quelles émotions et quelles réflexions leur répétition peut-elle susciter ? Disparaissent-elles à force d'être multipliées ou bien gagnent-elles en puissance visuelle? Leur accumulation épuise-t-elle notre psyché ou renforce-t-elle notre volonté de résistance à des catastrophes que l'on nous annonce inévitables?
L'image se répétant de manière insistante sur la grille est particulièrement saisissante. L'arbre y apparaît en suspension, dans un état d’entre-deux, flottant entre vie et mort. Cette temporalité évoque des émotions et ressentis face à l’expérience de notre vie dans notre époque. A quel point créons-nous une forme de bulle cognitive, de vie en suspension, de dissonance cognitive même pas si inconsciente pour nous préserver de la réalité des changements en cours.
Deux images tirées d’un travail en cours ont été introduites dans la série. Il s’agit de vidéos performatives dans lesquelles l’artiste fait l'expérience, physique puis visuelle, d'une chute d’arbre, de ces moments de suspension qui, in fine, deviennent un effondrement.
Le texte qui se mêle aux images est pensé comme un poème télégraphique ou une forme de fragments de pensées. Les temporalités y accélèrent et y ralentissent, comme un flux de réflexions plus ou moins conscientes.
La vidéo vient faire écho à cette grille en proposant une explicitation de l'expérience physique menée, à savoir celle de la chute de l'arbre. Elle se concentre sur ce moment de suspension des corps, ni droits et fixes ni au sol. Le court texte en son centre souligne les questionnements en lien avec le changement climatique et nos pratiques de vie consuméristes aux résultats désastreux et de plus en plus visibles, tout en faisant écho aux derniers mots du poème de l'affiche.