Marges de manœuvres
Marges de Manœuvres est un projet inspiré de l’imaginaire des consortages, formes séculaires de gestion des ressources communes en Valais. Il observe des organisations communautaires dans les vallées alpines, où la « manœuvre » était une forme de manos opera, de « coup de main » collectif que la communauté se donnait à elle-même pour résoudre un problème, fabriquer un outil collectif ou s’acquitter du maintien d’un ouvrage nécessaire à la survie même de tou·te·s. La manœuvre n’était pas la « corvée » due au prince, car, en elle, par principe d’entraide et dans le jeu parfois ambigu de ses répartitions, s’éprouvait, au milieu d’un ordre féodal féroce, une fragile expérience démocratique.
Marges de Manœuvres entend ici revisiter, entre art et anthropologie, cette ancienne pratique collective, pour faire entendre ses échos dans nos « faire ensemble » contemporains, pour tester, dans un monde qui se fissure, nos propres capacités d’agir collectivement.
Le coffret comprend deux carnets:
Ericka Beckman, Jouer comme agir : Stalk, sous la direction de Christian Indermuhle et Marie Sacconi
L’idée de ce livre est née à la suite d’une conférence donnée le 31 mars 2023 par l’artiste étasunienne Ericka Beckman à l’Ecole de design et haute école d’art du Valais à Sierre. Beckman était alors en plein travail de recomposition de la version cinématographique de sa performance Stalk, présentée et filmée lors de la Performa de New York en 2021. Nous étions en train de réfléchir aux questions posées par le blocage de l’accès aux ressources communes dans la société capitaliste contemporaine et au rôle que pouvait jouer l’art dans la nécessité de réévaluer les solutions à donner à ces problèmes. Beckman était travaillée par la nécessité d’ouvrir son travail hors du strict domaine des galeries et des musées pour continuer de faire émerger les questions sociales soulevées par les crises financières les plus récentes. Nos intérêts communs pour les questions posées par la gestion collective des ressources et les formes nécessaires à inventer pour éviter leur spoliation nous ont conduits à imaginer documenter, autour de la recréation de Stalk, les enjeux posés par le long travail de Beckman autour de ces thématiques.
Ce livre se décline en trois parties: une mise en perspective historique du travail de Beckman et de l’écho politique de son travail par Geneviève Loup; puis une discussion entre l’artiste et nous, qui fait apparaître le lien entre jeu et capacité d’action individuelle et collective dans son travail artistique et l’imaginaire politique qui guide cette conversation; enfin, une mise en parallèle du texte original de la performance de Stalk et de la tige allégorique du montage des photogrammes du film qui déroule le propos visuel lié au texte. Nous espérons créer ainsi une petite machine de lecture qui permette, de trois manières différentes, d’ouvrir les questions entretissées dans son travail complexe et dense.
Format : 148 x 202 cm
Pages : 60
Parution : 30 janvier 2024
Co-édition : EDHEA et van Dieren Editeur
ISBN : 978-2-37466-033-2
Robert McC. Netting, Aucun homme n’est une île, Écologie culturelle et consortage dans un village alpin, sous la direction de Christian Indermuhle et Marie Sacconi
Ce volume présente la traduction en français de trois textes de l’anthropologue étasunien Robert McC. Netting (1934-1995) portant sur Törbel, un petit village du Haut-Valais, en Suisse méridionale, et la manière qu’a eu celui-ci de gérer l’accès de ses membres aux res¬sources communes, notamment l’eau et le bois. Les deux premiers textes sont des articles des années 1970, versions préparatoires d’un ouvrage plus complet publié en 1981 sous le titre Balancing on an Alp (Netting 1981), dont le troisième texte est issu.
Ce travail d’enquête a connu une diffusion nouvelle lorsque Elinor Ostrom, prix Nobel d’économie en 2009, contribua à refaire de la "gouvernance des biens communs" un sujet de débat public. Elle avait accueilli Netting de nombreuses fois dans son séminaire à l’Université d’Indiana dans les années 1990 et repris la matière de ses travaux pour penser la question des communs dans un monde en crise écosystémique durable, visant, sur la base d’expériences documentées tout autour du globe, des manières d’éviter le pire et d’organiser un monde (un peu) meilleur.
Format : 148 x 202 cm
Pages : 94
Parution : 30 janvier 2024
Co-édition : EDHEA et van Dieren Editeur
ISBN : 978-2-37466-034-9